samedi 30 novembre 2013

Compte-rendu: Du constat des effets dévastateurs de la notation à sa suppression

À lire!! Cet article devrait être lu par tous avant de prendre position sur les conséquences de la notation dans les écoles primaires et secondaires. Voici un court résumé:
Alfie Kohn est un ancien professeur aujourd'hui devenu conférencier et auteur. Dans son article Du constat des effets dévastateurs de la notation à sa suppression paru en mars 1999, il explique quels sont les dangers de la notation dans les écoles primaires et secondaires et propose des pistes de solution pour les professeurs qui voudraient s'en défaire.

            D'abord, il s'appuie sur plusieurs études afin d'identifier les effets de la notation. Les trois principaux sont que la notation réduit l'intérêt pour l'apprentissage lui-même, ce qui s'explique par le fait que les élèves se mettent à voir les notions "importantes pour l'examen" comme une corvée. Puis, la notation aurait tendance à réduire la préférence des étudiants pour les tâches représentant un défi puisqu'ils préfèrent faire une tâche simple qu'ils ont déjà fait afin d'obtenir une bonne note plutôt que d'explorer des nouvelles connaissances. Comme le mentionne l'auteur, ce n'est pas tellement qu'ils sont paresseux, ils sont surtout rationnels. Finalement, le fait d'attribuer des notes aux élèves amoindrirait la qualité de la pensée des étudiants. En effet, puisque les jeunes ont tendance à ressentir moins d'intérêt pour ce qu'ils apprennent lorsqu'ils savent qu'ils vont être noter, il est normal qu'ils ne s'investissent pas dans des réflexions sur ces mêmes notions. Une étude a d'ailleurs prouvé que les jeunes qui se tiennent au courant de l'actualité dans le seul but de rechercher des choses qui pourraient leur permettre d'obtenir des meilleures notes seraient moins bien informé que les autres.
            Ensuite, Kohn poursuit sur sa lancée en identifiant des raisons supplémentaires d'abolir le système de notation actuel. Parmi celles-ci, notons le fait que les notes n'apportent aucune information utile à l'apprentissage et que, de toute façon, elles sont subjectives. Puis, selon l'auteur, le temps nécessaire à la correction et à ses dérivés serait mieux investi si on le consacrait à l'apprentissage en tant que tel, ce qui devrait être le but réel de l'école. Aussi, l'esprit de compétition engendré par les notes empêcherait la coopération, qui est pourtant essentielle dans le développement de plusieurs compétences. Comme le mentionne l'auteur en parlant de la courbe de Gauss et de ses répercussions:    «[...] on leur envoie le message que le but n'est pas d'apprendre, ni même d'être performants, mais de battre les autres. [...] C'est la nature de la motivation qui compte, pas seulement son ampleur. »
            Puis, l'article met la lumière sur les difficultés concrètes d'abolir les notes, les objections habituellement entendues dès qu'il est question de changer ce système et les réponses à ces objections. On entend souvent dire que ce sont les étudiants qui veulent des notes. Peut-être, mais c'est parce que c'est ce qu'on leur toujours donné, c'est ce qui a été valorisé depuis le primaire. Il faudrait donc que, dès les premières années du primaire, on se concentre sur des formes d'évaluation plus constructive (ex: rétroaction, portfolio, etc.) plutôt que sur des notes telles qu'on les connaît. Pour ce qui est des enseignants qui croient que leurs élèves n'auraient aucune motivation d'aller à leur cours si ce n'était des notes attribuées, Kohn leur répond que s'il faut des pot-de-vin pour obtenir des élèves une participation en classe, le problème tient peut-être plus des pratiques pédagogiques de l'enseignant que des conséquences réelles de l'absence de notation. Finalement, l'auteur détruit l'argument voulant que les notes soient nécessaires pour entrer à l'université en affirmant que la notation n'est pas nécessaire
            Afin de réussir ce changement dans les établissements scolaires, il faut d'abord entamer la conversation avec les acteurs impliqués, soit les enseignants, les directions d'école, les élèves et les parents en ayant des faits et des explications valables à leur proposer. Finalement, comme le dit Kohn, «la procédure de suppression de la notation peut se faire en étapes», par exemple en commençant par supprimer ce système pour les premières années du primaire ou par le pratiques les plus nocives comme la "notation gaussienne". Bref, tous les enseignants qui ne veulent plus contribuer à ce système mais qui y sont obligés devraient essayer de réduire le nombre de notation par trimestre et d'impliquer leurs élèves dans le choix des critères évalués.

            Personnellement, j'ai adoré cet article parce qu'il a clarifié toutes les faiblesses liées à l'évaluation par notes et qu'il a proposé des pistes de solution tout en apportant des arguments en faveur d'une évaluation plus saine. Je suis totalement d'accord avec cet article, ce qui montre la progression réalisée depuis le début du baccalauréat et, plus précisément, depuis le début du cours de Planification et évaluation des apprentissages.

1 commentaire:

  1. J'ai bien aimé cette lecture. Elle m'a fait revivre toutes sortes de discussions, avec des enseignants, depuis les débuts de l'implantation de la réforme. L'évaluation est vraiment une difficulté pour évaluer des compétences: difficile à mesurer précisément.

    On oublie que l'évaluation a deux fonctions: aide à l'apprentissage (on évalue pour faire apprendre, faire progresser...) et reconnaissance des apprentissages (on fait le point en attribuant une note au bulletin). La première fonction (aide) devrait être au centre de nos interventions.

    Souvent, on utilise les notes comme "pot-de-vin" car on a peur que l'élève participe moins (ou pas du tout). C'est vrai qu'on les habitue (et nous aussi) à essayer de "performer" pour une bonne note.

    Comme complément d'information, il faut remarquer que les élèves de Finlande, qui réussissent parmi les meilleurs au monde, commencent à sept ans, et ne sont pas notés au primaire.

    À lire ici:
    http://www.infobourg.com/2012/10/29/les-etonnantes-particularites-du-systeme-educatif-finlandais/

    Tu as fait une bonne réflexion pour écrire ce billet. Même si ce n'est pas "noté", tu as amélioré ta compréhension de l'évaluation. L'école est là pour nous faire apprendre. Il faut trouver des moyens pour motiver les élèves à apprendre à devenir meilleurs et pas seulement pour une note.

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